Page Française

Urgence Planétaire

Imprimer Envoyer
14 Novembre 2023
Les changements climatiques au Bénin

Les changements climatiques au Bénin


Il existe désormais un consensus scientifique mondial sur le réchauffement climatique. Le dernier rapport du Groupement International d’Experts sur le Climat (GIEC, 2007) classe l’Afrique parmi les continents les plus vulnérables. Les changements climatiques font peser un risque important pour l’ensemble de la population au Bénin. L’adaptation n’est désormais plus une option mais une nécessité politique et les choix politiques et personnels qui seront faits aujourd’hui conditionneront lourdement l’avenir du pays.

Le climat d’hier (1951-2010)
Le climat du Bénin, tropical, chaud et humide, comporte de nombreuses nuances saisonnières et géographiques. On distingue généralement la région méridionale et la région septentrionale. La partie méridionale est caractéristique d’un climat subéquatorial à quatre saisons ; tandis que la partie septentrionale du Bénin connait deux saisons bien distinctes. Au cours de la période 1971 – 2000, le nombre de jours de pluie est en moyenne de 140 jours dans la partie méridionale. Il n’est que de 80 dans l’extrême Nord du pays.
Au cours de la période 1951-2010, le nombre de jours de pluie a été en baisse constante tandis que les températures augmentent. A l’échelle annuelle, la baisse des précipitations est comprise entre 11 et 28%. Elle est plus marquée au Nord qu’au Sud. L’analyse saisonnière fait apparaître des différences significatives durant la période antérieure à 1971. On observe ainsi un raccourcissement de la petite saison des pluies ce qui provoque un déficit pluviométrique. A l’exception du littoral, une augmentation nette, de l’ordre de 1°C, des températures moyennes de l’air s’observent à partir de 1995.

Les changements climatiques au Bénin


Le climat de demain (2010-2050)
Différents modèles de prévisions permettent de décrire de façon probabiliste l’état futur du climat au Bénin. Les différentes zones du territoire seront différemment impactées par les changements climatiques. À l’horizon 2050, on envisage une hausse généralisée des températures, comprise entre 0,9 (Sud-ouest) et 1,1°C (Nord-ouest). Si la pluviométrie annuelle reste stable au Sud, le Nord pourrait bénéficier d’un accroissement des pluies périodiques compris entre 3,3 et 3,8%. Une concentration des pluies est également à envisager. A l’échelle saisonnière, une diminution des précipitations de mars à mai est à prévoir, ce qui est synonyme d’accroissement de la durée de la saison sèche.

Impacts futurs des changements climatiques au Bénin
Il existe un consensus scientifique international (GIEC, 2007) sur l’augmentation des températures à venir, ce qui modifiera les paramètres climatiques (précipitations, températures, vents).
Les projections climatiques montrent un climat béninois affecté par une modification des précipitations et une hausse des températures. Ces deux tendances, combinées à une plus grande variabilité saisonnière, à l’augmentation en fréquence et en intensité des événements extrêmes (sécheresses, inondations, tempêtes) et à l’élévation du niveau de la mer auront des graves conséquences sur différents secteurs économiques.
Au Bénin, nous avons choisi de distinguer trois types d’impacts liés aux changements climatiques : la variabilité climatique, les catastrophes et la montée du niveau de la mer. Par exemple, le secteur de l’eau peut impacter les rendements agricoles, diminuer l’offre d’électricité et entraîner une augmentation de la prévalence des maladies liées à la qualité des eaux de consommation.
Le Bénin n’échappera pas à ces trois types d’impacts. Nous passons en revue différents secteurs qui seront affectés par les changements climatiques. Ces différents secteurs sont des composantes vitales de l’économie du Bénin et du bien-être de sa population. Il s’agit de l’eau, de l’agriculture, de l’énergie et de la santé. Les changements climatiques représentent enfin une menace pour les écosystèmes et les zones côtières.

Les changements climatiques au Bénin

L’eau
L’eau est le secteur le plus vulnérable au Bénin. Les effets des changements climatiques se feront ressentir sur le cycle de l’eau, limitant sa disponibilité, son accessibilité et son approvisionnement. La hausse des températures et la concentration des pluies auront un impact négatif sur les ressources. Ainsi, il faut s’attendre à des modifications de la quantité et la qualité de l’eau disponible ; à une augmentation du déficit hydrique et de l’évapotranspiration potentielle. Selon ces ressources disponibles et la variabilité des précipitations, le stress hydrique sera plus important pour certains départements que pour d’autres. La modification des ressources en eau impactera aussi l’agriculture, la santé, l’énergie et les écosystèmes au Bénin.


L’agriculture
Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) prévoit une baisse des rendements agricoles en Afrique de l’Ouest, qui pourrait être comprise entre 5 et 20 % au Bénin. Cette baisse ne sera pas uniforme à travers le territoire. On peut s’attendre à un impact positif sur différentes régions et certaines cultures. L’igname et le manioc, variétés plus résistantes à la variabilité climatique, sont à recommander. La variabilité climatique et notamment la diminution des précipitations de mars à mai fait peser un risque important sur la sécurité alimentaire du pays. On peut s’attendre à une accentuation du décalage des dates de semis entre le Sud et le Nord. Si la perception des changements climatiques est réelle au sein des communautés rurales, tous ne disposent pas des capacités d’adaptation suffisantes (perception du risque, connaissances, accès au crédit).


L’énergie
L’électricité du Bénin, d’origine hydraulique (Barrages d’Akossombo, Ghana et de Nougbéto, Togo) est vulnérable aux périodes prolongées de sécheresse. Réduire la dépendance énergétique du Bénin est dès lors une nécessité, de même que le développement de sources d’énergies propres et/ou renouvelables. Le Bénin dispose d’un potentiel important pour produire de l’énergie propre. Tandis que la partie méridionale dispose d’un capital en énergie éolienne et marémotrice, la partie septentrionale possède un fort potentiel en énergie solaire. Enfin, 35 sites potentiels ont été identifiés au Bénin pour l’installation de centrales hydrauliques.

Les changements climatiques au Bénin


La santé
La prévalence des maladies infectieuses liées aux vecteurs (paludisme, trypanosomiases, fièvres) et liées à l’eau (choléra, dysenterie) pourrait augmenter. Si les maladies à vecteur peuvent reculer dans les régions devenues plus arides, leur prévalence devrait augmenter dans les régions plus humides. Concernant les maladies liées à l’eau, on sait qu’une augmentation de la température augmente la charge en microbes et en bactéries des nappes aquifères et des réservoirs superficiels. Les autres secteurs font également peser un risque important sur la santé des populations : le secteur agricole via les périodes de malnutrition ; la baisse de la biodiversité via les ressources halieutiques.


Les écosystèmes
La vie étant liée à la stabilité des conditions d’existence, les changements du climat représentent une menace pour la biodiversité. Tandis que la variabilité climatique fait peser le risque d’une baisse de la biodiversité dans le temps et l’espace, les événements extrêmes et la montée du niveau de l’océan pourront entraîner la migration et l’extinction de certaines espèces animales et végétales. Au Bénin, la question de l’exploitation forestière est cruciale. Le déboisement en cours au Bénin modifie le climat et la pluviosité locale. La disparition de certaines forêts, comme celle des Trois Rivières pousse à une prise en charge politique rapide du problème.


Les zones côtières
Le dernier rapport du GIEC fait de l’Afrique de l’Ouest l’une des cinq régions qui pourraient être gravement affectées par la montée des eaux d’ici à 2080. Le Bénin fait partie des pays directement exposés à l’élévation du niveau de la mer. L’enjeu est la perte d’une portion du territoire béninois qui représente 10,6% de la surface du pays, et où vivent 3 662 000 béninois (INSAE, 2003). La vulnérabilité des côtes béninoise à l’élévation du niveau de la mer vient s’ajouter à deux problèmes importants : l’érosion, qui touche déjà le littoral et les inondations récurrentes, liées à la situation géographique de Cotonou.

Nous sommes la dernière génération qui peut mettre fin aux changements climatiques. Nous pouvons le faire et nous le ferons.


Ange Yvon HOUNKONNOU est Aumônier Ouest Africain de l’écospiritualité, Président de la Ecospirituality Foundation Benin et Correspondant Afrique pour Shan Newspaper


 

Seguici su:

Seguici su Facebook Seguici su YouTube