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Quel est l’avenir des rites funéraires africains? |
28 Novembre 2014 | ||
La survie des rites des traditions africaines face aux épidémies mondiales
La problématique de la survie et de la vitalité des rites des traditions africaines présentes depuis des millénaires dans l’espace géographique situé au sud du Sahara, préoccupe de nombreux chercheurs traditionnalistes descendants du continent. Un fait marquant de siècle après la longue apogée du glorieux passé continental, dont l’influence prit racine depuis l’Egypte pharaonique et s’étendit jusque dans toute la Mésopotamie. Les traditions séculaires de l’Afrique noire bâties autour de ses grands royaumes et empires, rayonnèrent dans le monde contribuant indéniablement à l’enrichissement du patrimoine matériel et immatériel de l’humanité, par la maîtrise du savoir. Les traditions africaines ont ainsi pu se hisser au rang des grandes civilisations, à l’exemple de celle des Celtes de l’Europe médiévale. L’influence de la culture celtique se fait toujours ressentir en Occident, preuve que le celtisme est encore vivant et plus que jamais revivifié par l’action du Druidisme. L’un des centres de promotion de cette renaissance se trouve en Italie, précisément dans la Région du Piémont. Dans même registre de civilisations au passé florissant sur le plan spirituel, citons également les Atlans, les Incas, Mayas etc.… Ainsi pourrait-on dire qu’en termes de valeur et de portée spirituelle, le savoir-faire des traditions africaines ancestrales se développa avec l’influence de l’ancienne Egypte, pour le cas spécifique du rite funéraire. Techniques de momification et autres arts divers dérivés de l’activité funéraire sont légendaires. Aujourd’hui, seules de rares tribus détiennent ces connaissances oubliées. On pourrait donc supposer qu’en ces temps, une part importante de la spiritualité africaine consistait à donner du sens aux rites. Un savoir-faire qui en principe donnait une signification spirituelle importante à la dualité mort / vie. Mais de cet ensemble de connaissances, il n’en reste que des fragments d’écrits contenus dans de rares documents tels que le Livre égyptien des Morts. Bien entendu, l’on pourrait rétorquer que ce fut: « le temps ancien ». Si de nombreuses raisons concourent à la propension de ce genre de réactions particulièrement au sein des classes sociales aisées et dans certains milieux d’intellectuels, la majorité d’Africains partagent et soutiennent l’idée de retour aux anciennes valeurs, certes, sans glisser dans un sentiment excessif de nostalgie vis-à-vis du passé. Autant, personnellement, je garde comme certitude qu’on ne pourrait se suffire à dire que le passé est révolu, sans apprécier la quintessence des motivation qui poussèrent nos ancêtres à produire et à ériger des normes de vie basées sur ces rites particuliers. Etant donné que le monde contemporain nous contraints à de nouvelles et pressantes interrogations, une profonde et sérieuse réflexion d’un autre genre et d’une approche contextuelle différente devrait survenir ; Des questionnements autour de la place et du rôle des traditions anciennes face aux nouvelles donnes sociales porteuses de paradigmes sociétaux extérieurs et, vis-à-vis desquels nos peuples sont confrontés. En cette problématique, se trouve le débat sur l’importance et la nécessité de restaurer dans leur intégralité les rites anciens. De prime abord, la question mérite d’être sérieusement examinée, si tant fort est qu’elle remet en cause l’utilité et la pertinence spirituelle d’une catégorie de rites obsolètes. Dans le domaine funéraire, la méconnaissance d’un grand nombre de procédés place les traditions africaines face à des responsabilités sociales collectives qui surpassent le cadre des croyances, à cause des risques sanitaires observés dans plusieurs pays du continent. Paradoxalement, il est indéniable que même si l’Afrique donné au monde sa sève spirituelle et culturelle, l’image de son passé n’est plus que le pâle reflet de ce qu’elle fût. « Afro pessimisme » pourrait-t-on me répondre. Il n’en est pourtant rien, ce constat est réel et saisissant. Il révèle aussi qu’en majeure partie, la nouvelle génération des peuples natifs subsahariens est culturellement et spirituellement aliénée. L’une des causes serait pour l’adoption des pratiques mystico-religieuses venues d’ailleurs, véhiculées par des courants exogènes aux croyances fondamentales, contraires au mode de vie et à la spiritualité des peuples naturels que nous sommes. Autrement dit, l’aliénation générale que connaît l’Afrique subsaharienne consiste à donner plus d’importance - par simple ignorance ou à dessein – aux pratiques spirites d’origine judéo-chrétienne qu’aux véritables rites traditionnels ancestraux. Il y a tout lieu de s’en inquiéter, d’autant que les normes qu’elles véhiculent induisent de graves conséquences dans les foyers, suscitent inquiétudes et méfiance. Rites funéraires douteux On pourrait donc supposer que l’une des causes de la léthargie spirituelle proviendrait de l’absence d’un code de valeurs traditionnelles consensuel. En effet, il est avéré que beaucoup de guides spirituels et autres leaders traditionnels chargés de perpétuer les usages ancestraux sont vulnérables face aux pressions et aux contraintes d’une société en quête repères. De plus, il se trouve parmi eux des adeptes chargés de maintenir la mainmise néocoloniale sur les peuples. Leurs liens trop étroits tissés avec les clergés locaux prouvent à suffisance, leur incapacité à combler les attentes dans ces domaines. En somme, la collaboration de certains guides locaux dans la mise à exécution des programmes comportementaux et des supports idéologiques inspirés, suggérés et générés par ces avant-gardistes de la société majoritaire et fidèles adeptes de la « christianisation de l’Afrique» est désormais établie. Si nous ajoutons à cette analyse des faits les résultats des travaux sociologiques et anthropologiques menés par d’imminents et sérieux chercheurs africains, et dont les champs d’observations constituent une précieuse base de données , il en ressort que les rites funéraires en leurs formes actuelles, pratiqués dans les grandes villes et les villages d’Afrique sont sources d’énormes risques sanitaires et manquent de crédibilité et d’originalité pour nos traditions. Leurs sources et leurs bien-fondés sont contestables à plus d’un titre. Sans en dire davantage et quoique la communauté scientifique mondiale reste encore imprécise et hésite à s’accorder sur les causes, les sources de contamination et l’origine réelle de l’actuelle épidémie d’Ebola qui ravage l’Afrique de l’Ouest, il s’avère incontestable que cette catastrophe, au-delà du fait qu’elle trahit l’impuissance du système sanitaire mondial ; devrait appeler à une prise de conscience du danger des rites funéraires obsolètes et insignifiants basés sur l’exposition publique des dépouilles, pratique généralement exercée dans les temples, les chapelles et les domiciles. L’Attitude contemporaine en Afrique D’après des enseignements tirés de la pensée ésotériques, samedi serait un jour consacré à des rites liés aux influences magnétiques que la planète Saturne produirait dans notre cosmos. C’est aussi le jour du sabbat pour des courants religieux chrétiens largement actifs en Afrique. A la faveur des activités cultuelles des multiples églises répandues sur le continent, ce jour de la semaine est devenu celui des enterrements aux aspects folkloriques. Ultime occasion d’accompagner le défunt à sa dernière demeure. Il est donc « de coutume » d’exposer la dépouille au public, rendre moult témoignages sur sa vie, les circonstances du décès ; puis de procéder à de longues et fatigantes processions funèbres en direction du cimetière, sous les auspices d’un Ministre du culte. Avec faste et selon les moyens financiers de la famille du défunt, des obsèques tonitruantes sont organisées. Tel sont désormais « la coutume » et le motus vivendi des traditions funéraires d’Afrique au sud du Sahara. Une nouvelle donne culturelle douteuse, car jadis, les peuples africains n’associaient à la mort un tel faste inutile. Par au-delà la mode actuelle pour famille du disparu ou suivant la volonté du défunt, l’occasion de garantir une place au ciel. Entre tristesse, joie des retrouvailles, pleurs, recueillements, préparatifs et convivialité, l’Afrique perd la quintessence et le sens traditionnels du rite funéraire à l’ancienne. La mort, vue à la lumière du chamanisme Bantu Les peuples bantous en l’occurrence, sont depuis les temps lointains détenteurs de solides connaissances en nécromancie. Ils conservent toujours la sagesse et le sens symbolique du rite funéraire tel que d’usage depuis l’ancienne Egypte. Malgré la mauvaise conservation de son patrimoine matériel et les conséquences d’une urbanisation galopante, certains peuples natifs d’Afrique peuvent encore indiquer la voie du retour à cette importante activité spirituelle. Malgré le lessivage effectué sur les consciences et l’histoire, quelques lieux abritant d’anciens tombaux sont heureusement encore témoins de son savoir-faire. D’après l’interprétation de la philosophie bantu, la mort s’accommode du silence dont il est le voile. Le recueillement de la communauté en vue de la transmigration de l’âme du défunt est en réalité le rite le plus important dans le processus de retour de l’âme aux origines. Chez beaucoup de peuples en général et particulièrement dans le chamanisme bantu du Mbock développé au sein des peuples Bassa’a et Mpo’o, la tradition et la spiritualité sont essentiellement fondées sur l’unique pilier qu’est la vie. La tradition indique enseigne que par facultés de métamorphose innées en chacun, nous constituons un Tout global avec notre cosmos. L’homme est présenté comme maillon d’une chaîne ininterrompue de mouvements et d’expériences causales progressives. D’après les connaissances basiques de la cosmogonie bantu, le défunt n’est plus simple être de chair. Il est davantage une émanation spirituelle incarnée. Selon les Bantou, la mort n’existe pas. L’Homme vit seulement l’illusion. Si donc d’après les Bantu la vie charnelle est un leurre – ce qu’attestent la plupart des grandes traditions spirituelles- sacraliser les dépouilles est une grave imposture des traditions judéo-chrétiennes, déterminées à faire disparaître les rites païens tribaux au profit de leurs dogmes. La philosophie bantu souligne que le défunt est plus vivant mort, qu’il est passé de l’autre côté de la vie. Aucune valeur n’est donc accordée à la dépouille, pas plus qu’aux grandes festivités post-mortuaires. Revitaliser nos rites funéraires anciens En considérant ne serait-ce qu’en partie, la complexité des effets « socio-inquiétants » observés dans la plupart des pays africains, pour cause d’aliénation de certaines traditions séculaires au profit des cultures judéo-chrétiennes, il est nécessaire et primordial indiqué de produire et de promouvoir des actions tradi-révolutionnaires, réparatrices de notre spiritualité délaissée au profit d’un syncrétisme culturel nocif. Dérobons non le feu comme le fit Prométhée, mais la vérité emprisonnée en nous-mêmes. Une renaissance totale. Voilà ce qu’il faut de nos jours, pour relever le défi culturel de l’Afrique. Les points de vues de maints traditionnalistes sérieux sont clairs : Aucun peuple ne pourrait prétendre gagner la bataille de la reconquête de son identité spirituelle et culturelle s’il s’abandonne aux autres cultures. Forcément, il perdra les atouts conquête spécifiques que sont : La force cognitive à travers son mode de penser, la mémoire-véhicule de ses archétypes historiques, la mystique du devenir en tant que peuple singulier. De plus, gagner le défi de l’universalité c’est aussi et surtout se garder de délaisser ses croyances au profit des cosmogonies complémentaires. C’est refuser de vivre la domination et la dictature culturelles les plus féroces que sont l’ignorance de sa propre histoire. Les traditions africaines et principalement celles existant au sud du Sahara ont plus que jamais besoin de vitalité, à l’heure de l’émergence de nouvelles menaces mondiales. Il reste à en élaborer les méthodes, la démarche, les moyens. En premier lieu, l’Afrique devrait revaloriser la pratique de ses rites funéraires traditionnels, en leur redonnant leur sens spirituel d’antan.
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