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Naissance et Evolution de la région Wémè - 1

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08 Janvier 2014

Les chemins qui ont été emprunté par les Ancêtres

Benin : Histoire de la deuxième vallée la plus riche au monde après le Nil


L’histoire de Wémè n’existant que par la tradition orale, il nous a paru nécessaire, pendant qu’il est encore possible, de l’écrire afin d’assurer sa conservation et de lui permettre par l’effort de tous, de trouver la place qui est la sienne dans le patrimoine historique national et mondial.


Introduction

Wémè est la caractéristique ethnique et linguistique d’une région située au Centre Ouest du département de l’Ouémé limitée :


* au Nord par la Commune de Ouinhi dans le département du Zou,

* au Sud par la Commune de Sèmè Podji,

* à l’Est par les Communes d’Adja-Ouèrè, Sakété et Akpro-Missérété

* à l’Ouest par les Communes de Zè, Abomey-Calavi, Sô-Ava, Toffa et Zogbodomey.


Il couvre une superficie d’environ 800 km2 allant en longueur du village Damè-Wogon au village Gbodjè.

Cette région dont les principaux centres d’administrations actuelles sont Dangbo, Bonou, Adjonou et Aguégués est constituée d’un plateau et d’une vaste vallée arrosée par le fleuve Ouémé.

Elle est habitée en 1992 par plus de 157.000 personnes qui sont essentiellement des agriculteurs, pêcheurs, artisans, etc.

Il s’agit d’une population qui a connu des étapes de développement très significatifs mais dont la dense histoire se trouve aujourd’hui diluée dans celles d’autres peuples soutenus par le contexte national ; ce qui confère à cette région la malchance de se voir oubliée à tous égards malgré sa riche tradition et les énormes potentialités économiques de sa très riche et splendide vallée.

Cette situation fait que le Wémènou perd progressivement les traces de son histoire qui portant n’est pas moins glorieuses, manque de s’affirmer et se laisse même positionner en légitime subordonné par rapport à d’autres peuples qu’il se fait prêt à servir politiquement et économiquement, affichant sa culture, ses traditions, sa langue… comme facteurs d’humilité et de complexe par rapport aux peuples ’’annoblis’’.

Pourtant, il aurait fallu comprendre qu’il n’y a de peuples sans histoire, il aurait fallu comprendre qu’il n’y a de peuples distincts d’autres, il aurait fallu comprendre que la résonance actuelle de la langue Wémè qui inspire peut être ironie n’est que le résultat de la transformation de la langue Fon à travers toutes les étapes de la migration du peuple actuel de Wémè depuis HLAGBA(Wémè Houégbo) jusqu’à DANGBO qui est le premier lieu d’implantation des Wémènous ; ce qui fait dire Wémè-Dangbo, source de nos ancêtres dans leur nouvelle région dont la passionnante histoire s’illustre par des mouvements migratoires et par des valeurs culturelles et traditionnelles très émouvantes.


Les premiers mouvements d’installation des Wémènous

Le royaume de DANGBO ou royaume de Wémè est fondé vers la fin XVI è siècle par le roi AGON-GNINHOUAN, ancêtre très respecté des Wémènous, originaire de HLAGBA dit Wémè Houégbo (près de Cana, dans le département du Zou) d’où il émigra vers Dangbo actuel.

En effet, pour protéger son trône les menaces du puissant royaume d’Abomey et contre les ambitions de ses frères, AGON-GNINHOUAN pris avec son cousin GNAHO, la conduite des nombreux sujets qui lui sont fidèles et les engagea dans une longue émigration par le long du fleuve Ouémé à la recherche de terres lointaines, paisibles et fertiles.

Au cours de leur marche, ils durent affronter avec succès plusieurs attaquent de troupes ennemies.

Après celle de FANVI, il scinda sa troupe en deux : une, sous sa conduite poursuivit la voie terrestre pendant que la seconde, sous la conduite de GNAHO emprunta la voie fluviale.

Quelques jours plus tard, AGON, en campement à GBADA actuel, entendit le tambour de GNAHO et comprit que sa seconde troupe est attaquée.

Il dévia sa troupe pour aller secourir GNAHO. Arrivé sur les lieux (à Gogbo actuel), il réussit a détruire la troupe ennemie composée de Yoruba, décapita leur chef, posa sa tête sur la boue et GNAHO, sur instruction de AGON, enfonça profondément la tête dans la boue à l’aide de son pied.

AGON décida alors qu’au lieu de GNAHO, il s’appellera désormais ZOUNGLA, car expliqua-t-il (en langue fon) : Zun e gla o we no zin wan dó dò.

ZOUNGLA et sa troupe poursuivirent alors leur chemin fluvial pendant que AGON et la sienne reprirent le chemin terrestre.

ZOUNGLA déboucha dans une zone où les rives du fleuve sont faites de vastes plaines fertiles jonchées d’œufs d’escargot.

Il envoya des messagers rechercher et informer AGON. Ce dernier l’autorisa à s’y installer et nomma cette localité HOZIN (c'est-à-dire œufs d’escargots).

Pendant ce temps, AGON et sa troupe avaient débouché sur une vaste étendue de terre plate apparemment vierge et fertile. Il y installa sa troupe et envoya des éclaireurs explorer la zone et rechercher d’éventuelles sources d’eau potable.

Ses émissaires, déjà dans les environs immédiats, remarquèrent des empruntes de pieds humains qu’ils suivirent et parvinrent à une cour royale. C’est la cour du roi de Kè. Ils y reconnurent le roi, sans défense, par son habillement et son visage dissimulé sous un rideau de perles. Ils l’abordèrent avec respect et lui signifièrent leur étonnement de l’état de dépeuplement de sa cour. Sans réserve, le roi leur expliqua que sa cour et son royaume sont périodiquement détruits par des guerriers Yoruba. Les émissaires lui expliquèrent l’objet de leur arrivée et la présence de leur troupe et de leur roi.


Une vue partielle de vallée de l'Ouémé

Le roi de Ké leur signifia plutôt sa satisfaction et les pris de transmettre son invitation à leur roi.

Le roi AGON, suite au compte rendu de ses émissaires, se rendit au palais de Ké où il est chaleureusement accueilli.

Le roi de Ké qui fit savoir qu’il s’appelle roi AGAGNON lui confirma les causes du dépeuplement de son royaume.

AGON promit de repousser définitivement la troupe ennemie.

Le roi AGAGNON, soulagé, s’engagea à lui céder le vaste plateau où il venait d’implanter sa troupe et lui promit beaucoup d’autres présents dont un grand trou à poissons dit Gblonkpè (Houédo) et une de ses filles en mariage sans dot.

Le roi de Ké escorta son hôte jusqu’à l’emplacement promis que AGON explora longuement et nomma DANGBO, diminutif de Dangbodji qui signifie terre plate, fertile et hospitalière et donc favorable à la vie humaine.

A la même occasion, le roi de Ké expliqua que les troupes Yoruba arrivent par le fleuve, attaquent et embarquent ses sujets qui y lavent le linge, avant de s’incruster dans Ké pour faire d’autres victimes.

AGON enregistra toutes ces informations et installa ses sujets à Dangbo au quartier dénommé AHOLOUKO où ils engagèrent plusieurs activités de subsistance, notamment l’agriculture, l’artisanat et même de petits échanges commerciaux.

Ainsi naquit le royaume de Dangbo, paisiblement installé à côté du royaume de Ké alors presque réduit à quelques courtisans.

Dès le mois de janvier suivant, juste à la période indiquée par le roi AGAGNON, AGON GNINHOUAN fit monter jour et nui la garde cachée dans les herbes au débarcadère de Gblonnou, avec pour instruction de l’aviser au moindre constat de troupe et de n’envoyer le premier coup de feu que lorsque le maximum de troupe aura débarqué.

Et comme à l’accoutumée, les sujets du roi de Ké vaquaient à leurs activités quotidiennes au bord du fleuve, quand subitement un jour, les troupes yoruba, après avoir dévasté et embarqué des sujets de Zoungla en activité et dispersé dans Hozin et dans la zone d’Avagbodji actuelle, lancèrent l’attaque sur le royaume de Ké. La frayeur s’installe au sein des sujets de Ké malgré les assurances données par AGON qui, avisé, rejoint les lieux à la tête de sa troupe répartie dans les herbes. Dès que le maximum de yoruba débarqua, AGON envoya lui-même le premier coup de feu et ses soldats déchaînèrent aussitôt ; cette contre-attaque inattendue dit d’innombrables victimes et la débandade s’installa dans le camp ennemi. Les derniers tentèrent de battre en retraite mais la poursuite farouche lancée par AGON ne leur offrit aucune chance : point de rescapé et nombre de leurs pirogues ont été saisies.

De retour de cette chasse qui s’était poursuivi jusqu’au-delà de la deuxième rive, AGON, intéressé par la beauté de la grande plaine de cette rive décida et y installa certains de ses fils et sujets, créant ainsi le village qu’il appela ’’Kétounou’’ qui veut dire que c’est en vengeant les gens de Ké qu’il découvrit cette magnifique terre. (Des défauts d’articulation le long des générations font que ce village est aujourd’hui appelé Késsounou).

AGON se replia alors, rejoint très glorieux le roi de Ké qui organisa une séance au cours de laquelle il rendit hommage à son hôte à qui il remit les cadeaux promis ainsi que sa fille nommée SAAYO choisie par AGON. Le fils issu de cette alliance s’appelle HOUNFIGNON qui est paternellement prince de Wémè, maternellement prince de Ké et qui deviendra ainsi l’ancêtre de Wémè qui aura scellé l’alliance entre les Wémènous et les Kénous.

Toujours préoccupé par l’épanouissement total de ses sujets et pour assurer un développement économique suffisant à son nouveau royaume, le roi AGON s’occupa à installer des infrastructures économiques, sociales et culturelles. C’est dans ce cadre qu’il créa le marché de Dangbo qui lui était si cher qu’il trouva très tôt l’occasion de le sacrer.

En effet, dès les premiers mois de sa création, le marché d’AGON était promptement violé par d’autres yoruba qui venaient par voie terrestre.

AGON, pour réprimer ces ennemis, commença à placer des sentinelles le long de leur chemin d’arrivée. Dès que l’alerte fut donnée, AGON n’attendit pas l’arrivée des ennemis au marché.

A la tête de ses guerriers, il alla à leur rencontre. Soudain, les deux troupes se retrouvèrent face à face à Avahounté.

Le roi yoruba et ses guerriers identifiant AGON s’acharnèrent à le fusiller mais à chaque fois, il ne sort de leurs fusils que de l’eau.

Les guerriers de Dangbo, pendant ce temps s’occupaient à éliminer l’essentiel de la troupe ennemie et AGON, par un coup de feu, brisa les jambes du roi yoruba qui s’écroula. AGON le saisit vivant, fit prisonnier le reste de sa troupe et les ramenèrent sur la place du marché de Dangbo à pas cadencés soutenus par des chansons improvisées relatant la gloire d’AGON GNINHOUAN.

AGON fit creuser un grand trou au centre au marché, fit accomplir les cérémonies d’usage et y introduisit le roi ennemi en position verticale, l’instruit de protéger le marché, de veiller à son animation paisible, lui garantit que des offrandes lui seront octroyées tous les jours de marché, fit fermé le trou et aménager un élévation de terre sacrée ’’Lègba’’ (encore en place aujourd’hui au marché de Dangbo).

Dès lors, la paix revint au marché que AGON recommande à tous fils de Wémè de protéger après l’avoir baptisé marché Djèkpa (du nom du roi yoruba qu’il y enseveli).

Ce marché qui s’animait au départ tous les quatre jours (c’est-à-dire les cinq jours en langues wémè, fon ou goun) a plus tard commencé à s’animer tous les deux jours, avec une plus grande animation tous les quatre jours correspondants à la périodicité alors dénommée Dangbo Dahô c’est-à-dire grand Dangbo ou simplement périodicité de plus grande animation.

Mais en repoussant les attaquent yoruba, AGON ne s’était pas encore établi dans la paix. Il se trouvait de temps en temps obligé de repousser très vaillamment des attaques de royaumes de Porto-Novo et d’Abomey et même d’aller attaquer et d’infliger des défaites à domiciles au grand royaume d’Abomey.

Le royaume de Dangbo apparaissait ainsi comme un royaume redoutable au sein duquel les Wémènous, très épanouis autour de leur indomptable roi AGON GNIHOUAN, développèrent toutes leurs activités de bases (agricultures, pêches, commerce, vannerie, poterie, etc.) et progressivement se sont établis au fil des générations, sur toute l’étendue actuelle du territoire de Wémè.

Mais déjà, AGON GNIHOUAN s’était tout aussi occupé à installer une structure royale très forte et développer les traditions et les sites traditionnels ou sacrés à Dangbo et Hozin, sites que les générations suivantes ont multipliés dans les autres localités de Wémè.


1 - a suivre


La présente histoire de la région Wémè est conté par Papa Joseph Noudéhouénou HOUNKONNOU, un très vieux notable de la lignée royale, secrétaire de l’Administration coloniale et collaborateur de plusieurs Chefs de canton, ancien Conseiller Général de Subdivision, conservée par Damase D. HOUNKONNOU, grand acteur de développement de la région Wémè, Ambassadeur de Paix accrédité par la Fédération pour la Paix Universelle et la Fédération Internationale et Inter-Religieuse pour la Paix dans le monde et diffusée à présent par Ange Yvon HOUNKONNOU, Président de la Ecospirituality Foundation Benin et Aumônier Ouest Africain de l’Ecospiritualité.


 

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